16 09 2010 - Enlevement, Français, Niger . " Niger : les ravisseurs et leurs otages seraient désormais au Mali " Le Monde

Publié le par Nominoe

 

LEMONDE pour Le Monde.fr | 16.09.10 | 10h57 

 

 

 

Le groupe armé et les cinq Français et deux Africains qu'il a enlevés dans le nord du Niger ont gagné le désert malien, a-t-on appris vendredi 17 septembre de sources sécuritaires nigériennes et algériennes. Appuyée par des moyens aériens, l'armée nigérienne s'était déployée depuis jeudi dans la zone . Les sept otages, travaillant pour les sociétés Areva et Satom (filiale du groupe Vinci), ont été enlevés jeudi matin près de mines d'uranium, dans la région d'Arlit, à 1 000 kilomètres au nord de Niamey. Selon une source proche de l'enquête nigérienne, les ravisseurs auraient bénéficié de "complicités" au sein du dispositif sécuritaire du site minier.

 

Les autorités françaises n'ont reçu à ce jour aucune revendication ni la moindre demande de rançon. "Nous n'avons aucune nouvelle précise des otages", a déclaré Bernard Kouchner vendredi sur Europe 1 au lendemain de l'enlèvement. "On croit qu'ils se dirigent vers le Mali, mais nous n'en savons rien", a expliqué le ministre des affaires étrangères. "La surveillance a été renforcée, tous nos services sont alertés", a-t-il ajouté. Bernard Kouchner évoque une responsabilité de la "mouvance AQMI" (Al-Qaida au Maghreb islamique), précisant qu'il n'y avait pour l'instant pas de revendication.

 

"C'est inquiétant pour la vie des otages", a déclaré Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST), sur Europe 1. "Cette organisation veut frapper les intérêts français", a-t-il précisé, après l'opération de la France, le 22 juillet dernier, qui avait tué sept personnes dans les rangs de l'organisation. "Il ne faut pas se le cacher, cette organisation a engagé une lutte à mort contre la France", a-t-il lâché.

Ces ressortissants étrangers – cinq Français, un Togolais et un Malgache – ont été kidnappés dans la nuit par un groupe fortement armé, de plusieurs dizaines de personnes, qui n'a "pas encore été identifié", a affirmé Nicolas Sarkozy, lors du sommet européen à Bruxelles.

 

Le chef de l'Etat a annoncé la réunion jeudi soir à Paris d'un conseil restreint de défense sur ce dossier. "Tous les services de l'Etat sont pleinement mobilisés, notamment le centre de crise du ministère des affaires étrangères ainsi que notre ambassade à Niamey", a indiqué de son côté le porte-parole du ministère, Bernard Valero.

 

PAS DE REVENDICATION POUR L'INSTANT

 

Les sept ressortissants ont été enlevés à leurs domiciles respectifs d'Arlit, dans une zone sécurisée, vers 3 heures du matin, heure locale. Une source sécuritaire nigérienne indiquait précédemment que les sept personnes étaient "sorties sans escorte et ont été surprises par un groupe de ravisseurs enturbannés".

 

Les ravisseurs, à bord de cinq pick-up, "parlaient majoritairement arabe et souvent tamachek" – langue des Touaregs vivant dans la région – et ont pris la direction d'Inabangaret, près de la frontière avec l'Algérie et le Mali, a affirmé le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah. Ils ont été pris en chasse par l'armée nigérienne, qui a rapidement perdu leur trace.

 

Selon différentes sources, les assaillants pourraient appartenir à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), être des bandits qui revendent leurs otages aux djihadistes ou encore faire partie du peuple touareg, qui entretient des relations tendues avec Areva concernant la question des bénéfices tirés de l'exploitation des mines d'uranium.



RENFORCEMENT DE LA SÉCURITÉ

 

Le groupe français Areva, qui exploite deux gisements d'uranium et emploie près de 2 500 personnes dans la région, a confirmé l'enlèvement d'un de ses salariés et de son épouse. Les cinq autres personnes kidnappées sont liées à Satom, filiale du groupe Vinci de bâtiment et travaux publics, qui agit comme sous-traitant d'Areva sur le site minier d'Arlit.

 

Areva et Vinci ont annoncé dans un communiqué un renforcement "immédiat" des mesures de sécurité pour leurs salariés au Niger, sans toutefois préciser la nature de ces nouvelles mesures. Après la mort de Michel Germaneau, Français de 78 ans qui travaillait pour un projet humanitaire, exécuté par AQMI, Areva avait annoncé le 27 juillet le renforcement de sa vigilance au Niger.

 

Dans son dernier conseil aux voyageurs, actualisé sur son site Internet le 31 août, le Quai d'Orsay indiquait de son côté que "les menaces d'Al-Qaida au Maghreb islamique contre les ressortissants français doivent être prises très au sérieux". "Les risques d'enlèvement dans la bande frontalière avec le Mali, tout particulièrement à proximité de la région de l'Azaouagh, restent élevés", ajoutait-il. Il précisait encore que "les mines, le brigandage et les grands trafics constituent une autre menace sérieuse sur l'ensemble de la zone saharienne de l'Aïr et du Ténéré", et qu'il était "formellement déconseillé de se rendre dans les régions situées au nord de la ligne Ayorou-Ingaï-Agadez-Nguimi".

 
 
avec AFP
 

Publié dans Afrique

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