06 10 2010 - Pakistan . " La CIA frappe fort dans les Zones tribales " . The Wall Street Journal

Publié le par Nominoe

 

Courrier International

 

L'Agence de renseignements américaine utilise de plus en plus de drones dans sa chasse aux extrémistes réfugiés dans cette partie du pays. Une stratégie qui ne plaît guère aux Pakistanais. Mais pour Washington, c'est là que tout se joue.

 

05.10.2010 | Adam Entous, Julian E. Barnes, Siobhan Gorman | The Wall Street Journal   H 

 

 Un drone américain Predator, sur la base de Bagram en Afghanistan, novembre 2009.

Un drone américain Predator, sur la base de Bagram en Afghanistan, novembre 2009.

 

 

 

L'armée américaine procède actuellement en secret au détournement de drones et de réserves d’armement utilisés officiellement en Afghanistan afin d'augmenter les capacités de la CIA contre les refuges d'extrémistes situés eux au Pakistan. Cette évolution stratégiquetraduit la pensée de Washington : puisque l'armée pakistanaise ne peut pas ou ne veut pas s'en charger, il faut intensifier l'action militaire américaine contre les sanctuaires terroristes dans ce pays et répartir l'effort de guerre en Afghanistan des deux côtés de la frontière. Depuis quelques mois, l'armée prête ainsi des drones Predator et Reaper à l’agence de renseignements américaine afin que celle-ci augmenter ses capacités à cibler et bombarder les extrémistes à la frontière afghane. En septembre, ces appareils ont permis à la CIA de multiplier ses frappes au Pakistan. L'agence a lancé en moyenne cinq attaques par semaine, soit 21 frappes en tout, au cours du mois dernier [lundi 4 octobre, un drone a tué une dizaine d'insurgés, dont 4 allemands, selon les autorités pakistanaises], contre deux ou trois auparavant. Le Pentagone et la CIA accroissent leurs achats de drones, mais leur construction ne va pas assez vite pour satisfaire la croissance rapide de la demande.

L'intensification de l'offensive en septembre avait notamment pour objectif de déjouer un complot terroriste présumé devant frapper l'Europede l'Ouest. Des responsables américains ont expliqué le 1er octobre avoir eu pour hypothèse de travail qu' Oussama Ben Laden et d'autres hauts responsables d’Al Qaida étaient impliqués dans le projet (ou les projets) d'attentats redoutés au Royaume-Uni, en France ou en Allemagne. Toujours selon des personnalités officielles américaines, une frappe terroriste menée à bien contre l'Occident en provenance du Pakistan pourrait contraindre les Etats-Unisà lancer une action militaire unilatérale - une éventualité que toutes les parties préfèreraient éviter. Bien que l'armée américaine procède à des vols de surveillance de drones au-dessus du Pakistan et partage ses renseignements avec les autorités d'Islamabad, le Pakistan interdit les opérations militaires américaines sur son territoire, au motif qu'elles constitueraient une violation de sa souveraineté. Les opérations de la CIA, quoique de notoriété publique,sont techniquement clandestines, ce qui permet aux autorités pakistanaises de nier toute implication auprès de son opinion rétive [en réalité, des accords existent. Une base militaire pakistanaise abriterait même des drones américains, au sud du pays]. La CIA ne reconnaît pas l'existence de ce programme, et le transfert de ressources du Pentagone s'est fait en catimini.

Les tensions entre Washington et Islamabad se sont accrues ces derniers jours après une série d'attaques menées des deux côtés de la frontière pakistano-afghane par des hélicoptères d'assaut de l'OTAN [le 29 septembre, les attaques ont tué 3 soldats pakistanais]. Islamabad a réagi en ordonnant la fermeture d'un poste-frontière essentiel [la route de la passe de Khyber] par lequel transitait l'approvisionnement des troupes occidentales postées en Afghanistan, et en menaçant de suspendre totalement le transit de conteneurs de l'OTAN. Vendredi 30 septembre [ainsi que lundi 4 octobre], des insurgés ont attaqué au Pakistan des camions-citernes transportant du carburant vers un autre poste-frontière, démontrant s'il le fallait encore la vulnérabilité des lignes d'approvisionnement de l'OTAN en territoire pakistanais.

Dans la mesure où les responsables militaires américains répètent que la victoire en Afghanistan dépend pour une large part de l'éradication des refuges extrémistes au Pakistan, l'intensification des frappes de drones pourrait être lourde de conséquences pour le gouvernement Obama : d'importantes pressions politiques s'exercent sur la Maison-Blanche, dont on attend des résultats concrets au terme de neuf ans de guerre en Afghanistan, et qui s'est fixé pour objectif de commencer le retrait de ses troupes dès juillet prochain. L'accord secret qui permet la montée en puissance des opérations de la CIA en territoire pakistanais montre à quel point les refuges au Pakistan, d'où les extrémistes planifient et lancent leurs attaques contre les soldats américains et de l'OTAN en Afghanistan, sont considérés par les responsables militaires comme le principal obstacle à la réussite occidentale dans le conflit afghan. "En ce qui concerne les drones, il n'y a pas à l'heure actuelle de mission plus importante que les frappes ciblées dans les Zones Tribales [pakistanaises], et c'est par là que part le matériel supplémentaire, explique un responsable américain. Ce n'est pas la seule solution, mais elle est vitale aussi bien pour la sécurité intérieure que pour la protection de nos hommes en Afghanistan".

 

 

The Wall Street Journal   L'article original (en anglais). 

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Publié dans Asie Océanie

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