26 09 2010 - Bresil, Favelas . " Dans les favelas, on rêve de lendemains qui chantent " . Folha de Sao Paulo

Publié le par Nominoe

 

Courrier International

 

En s’implantant de façon durable dans les quartiers défavorisés, la police change la vie de leurs habitants. Les trafiquants de drogue disparaissent, la violence diminue, mais les loyers augmentent, constate le poète Ferreira Gular.

 

15.09.2010 | Ferreira Gular | Folha de São Paulo   H 

 

Des membres des Unidades de Polícia Pacificadora, à Rio, janvier 2009.

Des membres des Unidades de Polícia Pacificadora, à Rio, janvier 2009.

 

 

 

Les habitants des favelas voient leur vie changer de manière surprenante depuis l’expulsion des trafiquants de leurs quartiers. Cela faisait longtemps qu’on disait que les favelas de Rio cesseraient d’être aux mains des trafiquants de drogue le jour où la police les occuperait. Réaliser des incursions sporadiques n’avançait à rien. La police arrivait, ils s’enfuyaient ; mais, dès qu’elle repartait, ils revenaient. Avec l’occupation permanente réalisée par les Unidades de Polícia Pacificadora (UPP) [Unités de police pacificatrice, composées de policiers militaires], les choses ont changé. Le trafiquant n’est pas un guérillero, c’est un vendeur de drogue. L’expulsion de ces individus a permis de faire régner la paix. La domination des favelas par le trafic de drogue entraînait la constitution de véritables entreprises clandestines, qui changeaient de gérant en fonction de leurs intérêts commerciaux.

 

Les loyers ont doublé

La paix comme la guerre a des conséquences. Ainsi, je connais un petit commerçant qui vendait des vêtements dans la favela du Pavão-Pavãozinho, au sud de Rio, et dont les principaux clients étaient les trafiquants. Depuis qu’ils ont été expulsés, le commerçant a fait faillite. L’augmentation des loyers est une autre conséquence de la pacification. Dans la favela de Santa Marta, à Botafogo, une dame tenait un modeste restaurant dont elle tirait de bons revenus grâce au faible loyer du local. Mais, aujourd’hui, le loyer a doublé et le maintien de cette activité devient quasi impossible. Et ainsi de suite. Les favelas ont, nous le savons, toujours exercé une véritable fascination sur un certain type de touristes étrangers qui leur trouvent un charme exotique. Nombre d’entre eux, particulièrement les Européens, aimaient y être logés plutôt que dans les hôtels de Copacabana ou d’Ipanema. Aujourd’hui, l’attrait des favelas est encore plus grand. Il n’y a plus à redouter les fusillades, tandis que le folklore demeure. En conséquence, il existe des gens qui offrent beaucoup d’argent pour les taudis des favelas et qui les transforment en hébergements pour touristes. Les loyers des maisons augmentent encore plus, ce qui entraîne de rapides transformations.

Ne soyez pas surpris si, dans quelques années, les collines de Rio, qui sont aujourd’hui des favelas, sont occupées par la riche bourgeoisie. Etant donné que ces collines permettent d’avoir une vue privilégiée sur la ville, les taudis d’aujourd’hui seront remplacés par des résidences confortables et luxueuses. Les habitants des favelas viendront vivre avec nous, en bas. Mais ce n’est pas encore pour tout de suite, car il existe d’autres conséquences de l’action des UPP. Les trafiquants, expulsés des favelas du sud de Rio, sont en train d’envahir d’autres favelas au nord ou de l’autre côté de la baie. Pas tous, cependant. Certains, sans les revenus de la drogue, deviennent voleurs, ce qui permet de comprendre la récente augmentation de ce type de délits dans plusieurs quartiers de la ville. Selon la police, le nombre de voleurs tend à croître chaque fois que de nouvelles favelas sont occupées par les UPP.

Les vols augmentent

Ces dernières semaines, l’occupation s’est étendue à des collines de la zone nord, comme la favela du Salgueiro. Les vols augmentent, aggravant le problème de la sécurité dans la ville. Mais il est aussi possible que certains trafiquants décident de revenir à la légalité, comme cela a été le cas avec un ancien chef du trafic de drogue de Pavão-Pavãozinho. Il a préféré devenir gardien de voitures dans une rue de Copacabana.

 
Folha de São Paulo   L'article original (en portugais).

 

 

Fiche Pays :

Brésil

 

 

Publié dans Amerique du Sud

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